La voiture autonome : la règlementation aux Etats-Unis (The Autonomous Car: Regulations in the United States)

Abstract

French Abstract: S’il est question de circulation des automobilistes en Europe, la voiture de demain sera très certainement connectée, voire autonome. Or, les Etats-Unis constituent une des Nations les plus avancées sur le sujet, portés par les acteurs du secteur et un pouvoir politique particulièrement volontariste. Une mise en perspective outre-atlantique est donc utile avant l’adoption de normes européennes dans le cadre de la construction du marché unique numérique. Force est de constater en effet que la réaction politique et législative fut bien plus rapide qu’en Europe. La concurrence sera mondiale et les entreprises américaines sont d’ores et déjà des acteurs incontournables, voire dominants.

Sans surprise en effet, les géants américains du numérique se positionnent, auxquels s’ajoutent les industries automobiles traditionnelles. C’est ainsi que General Motors, Ford, Chrysler, Tesla mènent leurs projets, parallèlement à ceux de Google (Alphabet) (dont la GoogleCar est devenue Waymo), Amazon, Apple, Uber Technologies pour ne citer que les plus connus. Si ces acteurs se livrent une concurrence féroce, ils convergent pour pousser le législateur à poser des règles permissives, afin d’autoriser les tests et encourager la commercialisation de véhicules autonomes. Waymo est ainsi testée à San Francisco (Californie), tout comme les voitures autonomes de General Motors qui les teste aussi à Scottsdale (Arizona) et Détroit (Michigan). Un nouveau marché s’ouvre aujourd’hui dont le potentiel économique est énorme. Pour anticiper et en faciliter la conquête, plusieurs accords ont été signés en mai et juin 2017 entre ces acteurs et ceux des services de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) ou de louage de véhicules. Google a ainsi conclu un accord avec Lyft et avec Avis, alors qu’Apple s’est allié à Hertz.

On attend beaucoup de la voiture autonome, particulièrement aux Etats-Unis dont on connaît la géographie et les grands espaces, alors que les infrastructures de transport comme le train sont peu ou mal développés. On espère d’abord que la voiture autonome puisse améliorer la sécurité routière. Selon la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), 94% des crash seraient dus à une erreur humaine. Au demeurant, face à une population vieillissante ou en situation de handicap, une meilleure mobilité constitue une demande sociale forte. C’est ainsi par exemple que la Fédération nationale des aveugles se joint au lobby des industriels précités. Au-delà, les personnes valides trouvent aussi un intérêt potentiel aux voitures autonomes dont ils espèrent retirer du temps par une meilleure gestion du trafic et une conduite totalement assurée par la machine à terme. On y voit d’ailleurs aussi un intérêt environnemental, grâce à la réduction des embouteillages et de la pollution qu’ils génèrent. On l’aura compris, spécialement aux Etats-Unis, friands d’automobiles, la voiture autonome est parée de toutes les vertus ! Par ailleurs, le déploiement de la voiture autonome suppose de faire preuve de fortes capacités en intelligence artificielle dont les développements profiteront bien au-delà de cette seule industrie. Dans la course à l’innovation des années à venir, c’est sans doute là que réside l’enjeu essentiel pour les Etats-Unis et qui doit aussi préoccuper l’Union européenne.


English Abstract: If we are talking about car traffic in Europe, the car of tomorrow will most certainly be connected, or even autonomous. However, the United States is one of the most advanced nations on the subject, driven by the actors in the sector and a particularly proactive political power. A US perspective is therefore useful before the adoption of European standards in the context of building the digital single market. It has to be said that the political and legislative response was much faster than in Europe. Competition will be global and American companies are already key players, if not dominant.

Not surprisingly, the American digital giants are positioning themselves, in addition to the traditional automotive industries. This is how General Motors, Ford, Chrysler, Tesla carry out their projects, in parallel with those of Google (Alphabet) (whose GoogleCar has become Waymo), Amazon, Apple, Uber Technologies to name only the most famous. If these players compete fiercely, they converge to push the legislator to set permissive rules, to allow testing and to encourage the marketing of autonomous vehicles. Waymo is being tested in San Francisco, California, as are General Motors' autonomous cars, which are also being tested in Scottsdale, Arizona and Detroit, Michigan. A new market is opening today with enormous economic potential. To anticipate and facilitate its conquest, several agreements were signed in May and June 2017 between these players and those of the passenger vehicle with driver (VTC) or vehicle rental services. Google has reached an agreement with Lyft and Avis, while Apple has joined forces with Hertz.

We expect a lot from the autonomous car, especially in the United States, where we know the geography and wide open spaces, while transport infrastructures such as trains are poorly developed. First, it is hoped that the autonomous car can improve road safety. According to the National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), 94% of crashes are due to human error. Moreover, in the face of an ageing or disabled population, better mobility is a strong social demand. For example, the National Federation of the Blind joins the lobby of the above-mentioned industrialists. Beyond that, able-bodied people also find a potential interest in autonomous cars from which they hope to gain time through better traffic management and full driving by the machine in the long term. We also see an environmental interest in it, thanks to the reduction of traffic jams and the pollution they generate. We will have understood it, especially in the United States, car lovers, the autonomous car is adorned with all the virtues! In addition, the deployment of the autonomous car requires strong artificial intelligence capabilities that will benefit developments well beyond this industry alone. In the race for innovation in the years to come, this is undoubtedly where the essential challenge for the United States lies and which must also concern the European Union.

Note: Downloadable document is in French.

Keywords: voitures autonomes, circulation en Europe, libre circulation, marché unique numérique, National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), autonomous cars, traffic in Europe, free circulation, digital single market