L'Arbitrage Rabbinique, Entre Droit Talmudique Et Droit Des Nations (Rabbinic Arbitration, Between Talmudic Law and the Law of the Gentiles)
Revue de l'arbitrage 2013, pp. 57-120
64 Pages Posted: 19 Apr 2013
Date Written: April 19, 2013
Abstract
L’arbitrage rabbinique est bimillénaire, mais il demeure largement méconnu. Après une longue période de déclin qui dura jusqu’au milieu du 20e siècle, il se pratique aujourd’hui quotidiennement et participe de la renaissance de l’arbitrage confessionnel de par le monde. Bien que mettant en œuvre des mécanismes fondamentaux qui nous sont familiers, il se singularise par plusieurs aspects, le plus notable étant que l’arbitrage rabbinique n’est pas un mode alternatif de règlement des différends. Pour les membres d’une communauté juive, il en est - ou devrait en être- le mode principal, dans la mesure où, en principe, le recours aux tribunaux séculiers est prohibé par le droit talmudique. C’est la nature et la portée de cet interdit que nous commencerons par étudier. Certains aspects de la procédure devant les tribunaux rabbiniques méritent aussi un examen attentif. Après avoir exploré l’arbitrage du point de vue « interne », c’est-à-dire du point de vue des sources talmudiques, nous l’examinerons du point « externe », c’est-à-dire du point de vue du droit des nations, autrement dit de l’ordre juridique étatique dans lequel il est appelé à s’insérer. Cette insertion n’est pas évidente, car si droit talmudique et droit des nations divergent à de nombreux égards du fait de leur essence radicalement différente (l’un est un droit révélé, l’autre un droit contingent), sur certains aspects le choc paraît frontal (témoignage des femmes, droit des successions, notamment). Il conviendra donc de s’interroger sur la reconnaissance et l’exécution des sentences rabbiniques et sur le rôle de l’ordre public en la matière.
Rabbinical arbitration has existed for two thousand years, but remains largely unknown. After a long period of decline which lasted until the middle of the twentieth century, it is now in widespread use, and is participating in a renaissance of confessional arbitration throughout the world. Even though it applies fundamental mechanisms which are familiar to us, it is singular in several respects, the most significant being that rabbinical arbitration is not a form of alternative dispute resolution. For members of a Jewish community, it is – or should be – the principal mode of dispute resolution since, in principle, recourse to secular courts is prohibited by Talmudic law. Our study will start with the very nature and scope of this prohibition. Certain aspects of procedure before rabbinical tribunals also merit close examination. After having explored arbitration from an "internal" perspective, i.e. from Talmudic sources, we will examine this from an "external" viewpoint, i.e. from that of the law of nations, in other words the national legal system into which it must be inserted. Such insertion is not straighforward, since even though Talmudic law and the law of nations diverge in many respects by reason of their radically different nature (one is revealed, the other is contingent), in other respects they appear to be on a head-on collision course (witness evidence from women, inheritance rights in particular). This therefore raises questions as to the recognition and enforcement of rabbinical arbitral awards, and on the role of public policy in this respect.
Note: Downloadable document is in French.
Keywords: Rabbinic Arbitration - French Law - American Law- Jewish Law - Legal Pluralism - Ordre public- Public policy - Recognition
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