La « Propriété Intellectuelle » c’est le viol ! ('Intellectual Property' is Rape!)
161 Pages Posted: 27 Jul 2018 Last revised: 9 Aug 2018
Date Written: June 21, 2018
Abstract
French Abstract: Qu’est-ce que la « propriété intellectuelle » ? Si les réponses à cette question foisonnent, il semble qu’aucune n’ait radicalement répondu de manière à défricher le terrain qui la sous-tend : quel est le véritable être-en-soi de la « propriété intellectuelle » ? C’est ce que cet article tente de cerner. Il n’est pas étonnant que dans ce désert, l’une des définitions les plus prometteuses que l’on rencontre soit celle qui affirme que parler de « propriété intellectuelle » est un « séduisant mirage ». Le flou nimbant cette métaphore encourage, à travers une analyse textuelle dans la première partie de cet article, à développer les problématiques qu’elle soulève et à s’interroger sur la genèse de cet être fantasmagorique et composite à l’apparence pourtant bien réelle. La seconde partie s’efforce donc de labourer l’ensemble des champs juridiques, institutionnels, historiques, législatifs, philosophiques, théoriques et économiques. Cette longue étude bibliographique confirme que la « propriété intellectuelle » a effectivement réussi à imposé l’unification de divers droits – droits d’auteurs, brevets, marques, dessins et modèles, etc. – malgré toutes leurs disparités. Somme toute, le seul point commun les rassemblant s’avère être justement qu’ils soient tous raccrochés à la bannière de la propriété. Toutefois, cette caractérisation en termes de propriété se révèle on ne peut plus contingente et, au final, portée par un unique objectif de marchandisation qu’ont poussé des acteurs juridiques et industriels. Puisqu’il ressort que ce n’est qu’en tant qu’objet économique que la « propriété intellectuelle » est susceptible d’être appréhendée, la troisième et dernière partie de cet article pénètre le monde merveilleux de l’économie pour tenter d’en dégager les lois spécifiques grâce auxquelles surgit l’être chimérique de la « propriété intellectuelle ». La théorie critique de l’économie de la « propriété intellectuelle » avancée établit ainsi qu’en objectivant le travail créatif purement intellectuel au sein de chaque exemplaire de marchandises englobantes, cette réification opérée par la « propriété intellectuelle » permet de considérer les fruits de ce travail comme étant eux-mêmes des marchandises. Mais il ne peut s’agir alors que de pseudo-marchandises, de marchandises imaginaires n’incarnant aucune véritable valeur, seulement de la valeur imaginaire, de la pseudo-valeur. Enfin, le modèle économique ainsi dégagé fait apparaître la véritable nature de la « propriété intellectuelle », son être-en-soi, qui réside avant tout dans un arrachement, une séparation, une abstraction. Et celle-ci s’exerce avec une telle violence – se moquant de toute personnalité jusque dans son intégrité pour ne considérer que des objets qu’elle doit contraindre par la force à se soumettre à sa domination –, que le titre de cet article s’en trouve pleinement justifié : la « propriété intellectuelle » est un viol. English Abstract: What is “Intellectual Property”? What’s its actual being-in-iteself ? If answers to this question flourish, it seems that none of them has radically answered in a way clearing its underlying ground. This is what this article tries to address. It is not a surprise that, in this desert, one of the most promising definition met asserts that talking about “intellectual property” is a “seductive mirage”. The fuzziness enshrouded by this metaphor encourages, through a textual analysis in the first part of this article, to develop the issues it raises and to question the genesis of this phantasmagorical and composite being, yet with a very real appearance. The second part tries to plow all the legal, institutional, historical, legislative, philosophical, theoretical and economic fields. This long bibliographic study confirms that “intellectual property” has effectively succeeded in imposing the unification of various rights – copyrights, patents, trademarks, designs, and so on – despite all their disparities. On the bottom line, the only common denominator gathering them turns out to be that they are all held onto the flagship of property. However, this characterization in terms of property ends up to be absolutely contingent and, ultimately, driven by a single objective of commodification that was pushed by legal and industrial actors. Since it turns out that it is only as an economic object that “intellectual property” is likely to be apprehended, the third and last part of this article enters the wonderful world of the economy in an attempt to identify the specific laws through which the chimerical being of “intellectual property” arises. The claimed critical theory of the economy of the “intellectual property” thus establishes that by objectifying the purely intellectual creative work within each copy of encompassing commodities, this reification made by “intellectual property” makes it possible to consider the fruits of this work as being commodities themselves. But it can only be pseudo-commodities, imaginary commodities embodying no real value, only some imaginary value, some pseudo-value. Finally, the economic model thus revealed shows the true nature of “intellectual property”, its being-in-itself, which lies above all in a separation, a severance, an abstraction. And it is exercised with such a violence – disregarding any personality even in its integrity to consider only objects that it must compel by force to submit to its domination – that the title of this article is fully justified: “intellectual property” is a rape.
Note: Downloadable document is in French.
Keywords: intellectual property, imaginary property, value theory, Richard Stallman, Karl Marx
JEL Classification: O34
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